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Perfect World - Le mari de mon frère - Akata éditions

Perfect World / Le mari de mon frère : deux mangas au-delà des préjugés

Aujourd’hui je vais vous proposer un combo de nouveautés publiées par Akata. Il y a tellement de séries et de nouveautés à suivre, mais j’ai tout de même pu prendre le temps de découvrir « Le mari de mon frère » et « Perfect World ». Deux séries annoncées comme deux véritables événements… Mais qu’en est-il vraiment ?

« Le mari de mon frère »

Bon, parlons dans un premier temps de « Le mari de mon frère » puisqu’il a débarqué en premier. Série de Gengoroh TAGAME, principalement auteur sur la scène « bara » (un manga écrit par un homme et à destination des hommes contrairement au yaoi écrit par des femmes et à destination des femmes pour faire simple) et qui tente de s’immiscer dans le circuit seinen cette fois. Cette série connait déjà un succès public et critique au Japon et débarque en France via les éditions Akata. La série est toujours en cours de parution au Japon et nous allons bien vite rattraper ces derniers puisque le second opus de la série paraitra le mois prochain. L’histoire ? Suite au décès de son frère jumeaux, Yaichi et sa petite fille Kana, voient débarquer un beau jour Mike, un grand bucheron gaillard canadien, qui n’est autre que le mari du (feu) frère (comme quoi l’auteur ne s’est pas foulé pour le titre). Un voyage identitaire pour l’un, une véritable épreuve pour le second et une découverte pour la petiote.

« Le mari de mon frère » est un manga au scénario vraiment bien ficelé, qui traite de l’homosexualité ET de l’homophobie avec beaucoup de justesse et sans tabou. Car, quand on met dans la même histoire un homosexuel, un « homophobe » (à un degré assez bas) et une petite fille innocente, c’est la porte ouverte pour parler de tout et pour poser les bonnes questions. Si Yaichi éprouve un sentiment de rejet face aux homosexuels, c’est surtout parce qu’il n’en côtoie pas. L’arrivée de Mike va l’amener à se remettre en question et à découvrir un homo, mais surtout la personne « normale » derrière tout ça. L’auteur parvient à retranscrire avec finesse des questionnements et des peurs assez répandues, surtout dans une société japonaise encore assez conservatrice. Le personnage de la petite Kana permet de mettre les pieds dans le plat et de poser ouvertement à Mike les questions que tout le monde se pose mais que personne n’ose exprimer. C’est une petite fille innocente, tellement contente de voir son oncle entrer dans sa vie. Du côté de Mike, c’est différent, venu d’un pays assez ouvert d’esprit, il vient au Japon principalement en pèlerinage pour découvrir la ville et le pays de son amour. Il devra faire son deuil, mais aussi se faire accepter par sa nouvelle famille.

Le mari de mon frère T1

Le plus intéressant sur la série de TAGAME reste la façon d’aborder le sujet principal. On passe outre les poncifs devenus inutiles et on nous parle de façon simple, pertinente et sincère. Ce sont finalement des personnages attachants, des moments d’émotions et de l’humour avec plusieurs situations qui arrachent plus qu’un sourire. Le « cliffhanger » en fin de tome laisse présager une évolution intéressante pour la suite de la série en espérant que l’auteur ne s’éparpille pas trop.

Graphiquement, j’ai quand même beaucoup de mal avec le style de TAGAME. Les personnages sont tous taillés comme des catcheurs. Je sais que c’est sa « patte », mais bon, voir des armoires à glace partout. Pour le reste ce n’est pas non plus dérangeant au point de ne pas continuer la lecture, simplement ce n’est pas le point fort de la série.

« Le mari de mon frère » est un titre qui ne laisse pas indifférent et qui prend plusieurs points de vue pour traiter du sujet avec le plus de réalisme possible. Probablement la meilleure série sur ce thème et on risque d’en entendre régulièrement parler si le mangaka maintient ce cap !

  • Le mari de mon frère T.1 –
  • 7,95 €
  • Éditeur : Akata

annonce Perfect World

« Perfect World »

Parlons maintenant de « Perfect World », un josei qui s’intéresse à une autre minorité, les personnes à mobilité réduite. Première série de Rie ARUGA, on peut dire que la jeune femme a frappé fort. Toujours en cours de parution au Japon (où deux tomes sont disponibles), le second opus débarquera en France en décembre prochain. L’histoire commence avec les retrouvailles entre Tsugumi et son premier amour Itsuki. Ce dernier se trouve en fauteuil roulant suite à un grave accident. L’amour sera-t-il suffisamment fort pour surmonter cet handicap ?!

Cette histoire d’amour permet d’explorer un thème assez peu traité, l’handicap (à part dans  » Real «  qui est la référence sur ce thème). Si la lecture est plaisante et qu’on ne lâche pas son tome une fois entamé, le début n’est pas dépourvu de défauts. On navigue régulièrement entre le présent et des flashbacks de la jeunesse des personnages de manière plutôt habile. Les deux héros sont plutôt convaincants, notamment leurs réactions et leurs sentiments. On aborde les difficultés que peuvent éprouver dans la vie de tous les jours les PMR (Personne à Mobilité Réduite), ainsi que la façon d’aborder certains sujets (comment par exemple s’imaginer un futur avec un handicap). Quelques passages m’ont en revanche semblé sonner faux, comme celui où les deux attendent devant l’ascenseur et que les gens autour d’eux les dévisagent totalement…. Euh, le gars n’est pas non plus un extraterrestre quand même. Pour avoir un ami dans cette situation (et qui a aussi tiqué sur certains aspects), j’ai rarement vu des gens le dévisager de la sorte. Sans pour autant comparer, « Real » traite vraiment le sujet en profondeur et avec beaucoup plus de réalisme et d’authenticité.

Perfect World t1 planche

Mon principale soucis avec « Perfect World », c’est que l’auteure donne l’impression que les handicapés sont stigmatisés en permanence. Si plusieurs passages sont vraiment excellents et montrent bien le quotidien des PMR, d’autres donnent l’impression qu’ils sont traités globalement comme des pestiférés (ce qui n’est pas le cas). On va dire que sur certains points, la série manque de réalisme, ce qui contraste énormément parfois d’une page à l’autre.

Le trait de l’auteure est des plus classiques. Ce n’est là l’atout fort de la série, puisque je trouve le style trop académique dans la construction, la mise en page et j’ai quand même un soucis avec le léger strabisme que les personnages ont assez souvent (et qui perso me fait sortir de ma lecture et casse quelques effets). Fort heureusement, le thème de la série et son concept sont plus forts que les dessins.

Quoi qu’il en soit, le sujet est bien traité dans les grandes lignes, on découvre pas mal de choses, ce qui peremt de casser quelques a priori. L’histoire d’amour est assez en retrait pour le moment (ce qui est tout aussi bien) et j’ai quand même hâte de découvrir la suite. Une histoire touchante et qui va permettre de surmonter les préjugés !

  • Perfect Wold T.1 –
  • 6,95 €
  • Éditeur : Akata

« Le mari de mon frère » et « Perfect World » sont deux séries qui permettent d’aller par-delà les préjugés, deux séries qui prennent le temps de s’attarder sur des minorités et qui traitent de chaque sujet avec autant de réalisme que possible. C’est le genre de mangas que l’on devrait retrouver partout et surtout dans les écoles (CDI). De véritables appels à la tolérance mais surtout des mangas « d’utilité publique » !

Auteur

Fraîchement trentenaire, dévoreur de mangas, comics, romans. Visionneur en masse de séries TV et film. Un vrai geek, on peut le dire.

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