Manga : 4 séries passionnantes sur les jeux de réflexion (échecs, Go, Shôgi, Karuta)
Tu connais les échecs bien sûr ? Mais connais-tu le jeu de Go, le Shôgi ou le Karuta ? Voici 4 séries manga qui s’appuient sur des jeux de réflexion. Et c’est passionnant !
Hello geeks et geekettes, cette semaine on va parler sport, mais pas des sports physiques ! Non, plutôt le genre de sport qui va faire travailler ton cortex, ton bulbe, ton ciboulot, ta matière grise, ton encéphale… Bref, ton cerveau !
Vous vous doutiez bien que dans un univers aussi vaste et riche que celui du manga, on peut trouver des séries portant sur quasiment n’importe quel sujet sans trop de difficulté. Pour changer, je vais vous parler de « sports intellectuels » et pour cela j’ai quatre titres à vous proposer qui devraient aisément vous combler. Ils sont divertissants, bien documentés, transmettent de bonnes valeurs, sont loin d’être dessinés avec les pieds et sont extrêmement addictifs (dans le sens où tu termines un tome et tu as envie de passer au suivant).
Hikaru no Go
On va s’intéresser dans un premier temps au plus anciens des titres, « Hikaru no Go ». Une série qui a donné une toute autre dimension au jeu de Go et qui lui a permis d’accrocher un plus large public et d’obtenir une notoriété plus importante à l’étranger. Qu’est-ce que le Go ? Il s’agit pour faire simple d’un jeu de plateau, blanc contre noir, le but étant d’avoir le plus grand territoire en fin de partie (oui j’ai simplifié à mort). Qu’on soit novice ou qu’on soit un joueur expérimenté, « Hikaru no Go » s’adresse à tous.
Ce manga narre l’histoire d’Hikaru, un jeune garçon qui va s’initier au Go par l’intermédiaire du fantôme d’un grand joueur des temps anciens. Avec le temps il développera une vraie passion et un véritable talent pour ce jeu jusqu’à côtoyer les sommets. « HnG » est une série hautement addictive et une fois plongé dedans, impossible de ne pas être pris de sympathie pour les personnages, voir tout simplement tomber sous l’emprise du terrible jeu qu’est le Go. Honnêtement, je devais être au collège à l’époque mais je me rappelle qu’avec mes amis, nous avions découvert la série en même temps et on s’était rapidement lancé nous-même dans le Go.
Si la série est un shōnen et qu’elle reprend ipso facto les codes du genre (dépassement de soi, l’amitié, le courage etc…), la série est en perpétuelle évolution du début à la fin. D’ailleurs, j’ai oublié de le mentionner mais c’est la série qui a vu l’un des mangakas les plus talentueux exploser à savoir Takeshi OBATA (Death Note, Bakuman, Platinum End), alors qu’il était encore novice. On peut voir l’évolution de son coup de crayon tout le long de la série. Il est épauler à l’époque par la scénariste Yumi HOTTA, et il faut reconnaître que le binôme parvient à insuffler une telle énergie (aussi bien visuellement que pour le scénario) à leur série que cela devient communicatif avec le lecteur.
Concernant le jeu en lui-même, la série maintient un certain aspect pédagogique pour les néophytes. On rappelle que le personnage principal ne touche pas une bille en go au début de l’histoire (et il est même carrément nul), donc les règles sont bien expliquées au départ. Par la suite, il faut garder à l’esprit qu’une partie de Go, c’est assez long à jouer et il est donc impossible de retranscrire l’intégralité d’une partie. Plus nous avançons dans le récit, plus nous n’avons plus accès qu’à des bribes de parties, ce qui n’est pas pour autant un problème grâce au talent des deux auteurs. Par la suite, il est certain que si l’on souhaite approfondir ses connaissances, il faudra pratiquer et chercher des renseignements ailleurs ( comme sur jeudego.org par exemple).
http://www.youtube.com/watch?v=4wfIR_pBgJk
La série est disponible chez Delcourt/Tonkam avec une première édition standard disponible en 23 tomes (5.95 € / tome). Il n’est pas toujours facile de mettre la main sur certains tomes. Une édition deluxe est en cours de parution et comptera 20 volumes (15.50 € / tome), plus coûteux, mais aussi de meilleure qualité comme objet.
« Hikaru no Go » est un classique dans son genre et presque un indispensable dans une mangathèque. On retrouve les ingrédients d’un bon shōnen, un thème atypique et surtout l’implication et la passion hautement contagieuse du Go que transmettent les auteurs.
A l’assaut du Roi
Paru en France cette année aux éditions Kana, « A l’assaut du Roi » est le fruit d’un binôme d’auteurs qui est en charge de la série, Takahiro WAKAMATSU et Kate KIGUCHI, dont c’était aussi leur première série. Cette quadrilogie met en avant un jeu de plateau beaucoup plus renommé puisqu’il s’intéresse aux échecs (comme le laisse suggérer fortement le titre). Une série qui propose des graphismes à l’allure enfantine, mais ne vous y trompez pas ! Non, la série est vraiment très accessible et remplit vraiment son rôle, à savoir nous donner envie de jouer aux échecs. La structure narrative est assez similaire avec celle de « Hikaru no Go », mais forcément il s’agit d’un shōnen et il faut comme toujours respecter certains codes.
Une fois encore, c’est bien documenté. Le fait que les personnages soit assez jeunes permet de faire une bonne introduction pour les néophytes. On retrouve, d’ailleurs, entre les chapitres, des explications pour le cas où certains seraient perdus en cours de route. Dans ce genre de série, pour moi le plus important c’est d’avoir envie de plonger dans l’univers dont les auteurs me parlent, et là encore, la mission a été accomplie avec succès. La série est plus facile d’accès, puisqu’elle parle d’un jeu de plateau bien plus reconnu dans le monde que le Go, le Shogi ou le Kurata.
La série est en cours de parution, le second opus est disponible depuis le début du mois.
Pour un article dédié c’est par ici !
Kings of Shôgi
J’ai longuement hésité à parler de la série suivante car elle navigue entre deux eaux. « Kings of Shôgi » est éditée par Pika et est menée par un binôme d’auteur ANDO & KATORI dont c’était la première incursion en France. Comme le laisse entendre le titre, la série nous parle du Shôgi, aussi appelé les « échecs japonais ». Nous basculons cette fois, dans la catégorie seinen et pour cause, l’histoire proposée est bien plus sombre. Shion s’est recluse dans le mutisme suite à un traumatisme durant son enfance (le meurtre de ses parents). Elle s’est réfugiée depuis dans le shôgi dans lequel elle excelle. Vous l’aurez compris, il s’agit plutôt d’un polar sur fond de shôgi. Tout le long de la série, nous aurons l’occasion de suivre l’avancée de l’enquête, étroitement liée pour le coup à ce jeu.
La série est composée de huit volumes (7.95 € / tome) et je garde un bon souvenir de cette série. Non seulement le côté polar et l’enquête sont bien travaillés, mais cela permet aussi de découvrir le Shôgi que personnellement je ne connaissait que très vaguement. On retrouve beaucoup d’explications sur les règles au sein même du récit, mais aussi entre les chapitres et il me semble que certains bonus étaient supervisés par la Fédération Française de Shôgi.
Une série qui s’adresse donc à un public plus âgé et qui permet de s’intéresser aux échecs japonais de manière différente. De plus, la série ne s’étale pas sur un nombre abusé de tome ce qui n’est pas plus mal.
On en parle ici, là et là aussi.
Chihayafuru
J’ai gardé le meilleur pour la fin ou presque ! « Chihayafuru » était un vrai coup de cœur il y a quelques années en arrière et depuis j’avoue que la série ne m’a toujours pas déçue. Les éditions Pika ont décidé de sortir cette série aussi atypique que longue puisqu’elle est toujours en cours de parution au Japon avec 33 tomes dont 18 pour la France (7.50 € / tome). Une série qui n’est pas portée par un binôme, mais par une auteure seule, mais extrêmement talentueuse Yuki SUETSUGU. Mais de quoi peut bien nous parler cette série ? Après le go, les échecs et le shôgi, il ne s’agira pas d’un jeu de plateau mais plutôt d’un jeu de cartes puisqu’il s’agit du Karuta ! Kezako ?!
Le Karuta est un jeu de cartes qui regroupent 100 grands poèmes. Chaque joueur a les cartes posées devant lui et doit, à l’énoncé du poème, retrouver la carte correspondante. Dit comme ça, ça n’a pas l’air passionnant ni compliqué, mais la lecture de cette série vous fera comprendre que le Karuta fait appel à tous vos sens et à votre énergie ! De plus, vous le découvrez lors de la lecture, c’est un jeu qui peut susciter l’intérêt de beaucoup de monde puisqu’il donne envie d’y jouer pour diverses raisons, l’aspect sportif, le côté intellectuel, poétique… Bref c’est vraiment vaste.
Nous sommes en présence cette fois-ci d’un josei, un manga qui s’adresse principalement aux jeunes femmes, mais vraiment il faudrait être fou pour passer à côté de cette pépite, peu importe notre âge ou notre sexe. Sincèrement, « Chihayafuru » est un indispensable pour la simple et bonne raison que, pour le moment, je n’ai pas encore trouvé de défaut à cette série. Les personnages sont attachants (et il y en a pour tous les goûts), on parle d’un jeu vraiment atypique et qui vaut la peine d’être découvert. On trouve aussi de l’émotion, de l’amour, de l’amitié, du dépassement de soi, de la réflexion, une grosse touche poétique forcément et juste ce qu’il faut d’humour. On alterne entre les parties de Karuta et les tranches de vies. Comment tu n’es pas encore convaincu ? Mon ami, dis-toi qu’en plus, SUETSUGU a un coup de crayon vraiment sublime ! L’auteure parvient à retranscrire avec beaucoup de justesse les émotions et certaines planches sont juste magnifiques !
Alors oui, la série est longue, mais chaque tome est un bonbon qu’on déguste avec plaisir. De plus, les éditions Pika croient vraiment en la série et proposent tout le long des premiers volumes des cartes de Karuta pour te faire ton propre jeu et du coup te lancer.
J’en parle aussi par ici !
Bon, les amis, je crois qu’on a fait le tour, voici une petite sélection de titres vraiment plaisants à découvrir. Et qui sait peut-être qu’ils déclencheront en vous une passion encore insoupçonnée !