Illectronisme : faire de nos enfants de véritables citoyens numériques [tribune]
C’est quoi l’illectronisme ? Lam Son Nguyen, expert en sécurité Internet chez McAfee, nous explique dans cette tribune les enjeux autour de l’illectronisme.
Il n’aura pas fallu beaucoup de temps pour passer du stylo et du papier au clavier et à l’écran. Les smartphones et l’essor d’internet ont permis à tous d’accéder au monde numérique. Pourtant, de nombreux Français peinent encore à utiliser les nouvelles technologies. Cela peut avoir de lourdes conséquences quand on sait que de nombreux services d’emploi passent par des plateformes en ligne.
Mounir Mahjoubi, secrétaire d’état au numérique, a dévoilé récemment un grand plan gouvernemental de lutte contre l’illectronisme. Mélange d’illettrisme et électronique, le terme englobe les 25% des adultes qui utilisent peu ou pas du tout Internet en France[1]. Le gouvernement souhaite ainsi former près de 13 millions de Français en difficulté face aux nouvelles technologies, dans leur vie privée comme professionnelle.
Avec une société connectée, depuis les loisirs jusqu’aux administrations, comment lutter contre l’illectronisme ? Quelles méthodes adopter pour former le grand public aux défis digitaux de demain ?
Qu’est-ce que la culture numérique ?
L’alphabétisation numérique englobe une variété de compétences nécessaires pour participer au monde digital. Ainsi, un initié au numérique sera à même d’utiliser des appareils pour communiquer, effectuer des transactions, créer, rechercher et/ou évaluer du contenu et former des communautés avec d’autres citoyens du numérique.
La culture numérique est devenue un aspect important de la vie moderne. Les progrès technologiques et l’utilisation croissante de l’apprentissage automatique, de l’intelligence artificielle et de l’Internet des objets (IoT) ont rendu l’adhésion de tous au mouvement indispensable pour comprendre comment les choses fonctionnent, communiquer correctement et savoir comment surfer en toute sécurité.
Les changements s’opèrent dès l’école primaire. Les tableaux noirs des écoles appartiennent déjà au passé et les tableaux numériques ont depuis quelques années fait leur entrée dans les salles de classe. Les enfants n’utilisent plus exclusivement la bibliothèque pour travailler sur leurs projets, mais ont aussi recours à internet ou aux contenus multimédia. Les enseignants ont également recours aux ressources digitales pour rendre l’apprentissage intéressant et durable. De même, des applications sont disponibles pour apprendre à leur propre rythme (Babel pour les langues, Projet Voltaire pour l’orthographe ou encore iTooch Collège).
Une éducation aux cybercrimes dès le plus jeune âge
Si les « digital natives », les enfants nés avec Internet et les smartphones, sont parfaitement à l’aise avec les nouvelles technologies, ils n’en restent pas moins des êtres vulnérables. Sur Internet et les réseaux sociaux, de nombreux acteurs mal intentionnés n’hésitent pas à les cibler pour leur subtiliser des données personnelles voire de l’argent.
Une éducation numérique volontaire et dès le plus jeune âge permettra aux les enfants de distinguer les risques. Il est capital qu’ils soient en mesure d’identifier un site Internet sûr, de repérer les fake news, d’être informés des dernières méthodes de piratage (ransomwares, phishing, etc.) et d’éviter tout contact avec des personnes suspectes en ligne. Ainsi sensibilisés les petits Français sauront être sur leurs gardes face aux risques cyber.
Il est important d’apprendre la cyber-éthique, notamment sur les réseaux sociaux. D’après l’UNESCO, entre « 2010 et 2014, la proportion d’enfants et d’adolescents âgés de 9 à 16 ans ayant été exposés au cyberharcèlement est passée de 8 à 12 %, touchant particulièrement les filles et les enfants les plus jeunes[2] ». Un risque encore plus grand quand on sait que 34 % des parents considèrent qu’ils ont le droit d’afficher des photos sans le consentement de leur enfant sur les réseaux sociaux. La cyber-éthique doit s’affirmer comme l’un des piliers de l’éducation numérique. Plus modérés dans leurs comportements, leurs commentaires et leurs messages, les adolescents éduqués feront également preuve de plus de diplomatie et d’empathie en ligne.
À la maison, à l’école ou encore au travail, nous utilisons de nombreux d’appareils connectés. Ce sont autant d’équipements qui aujourd’hui représentent un risque d’être piratés. Avec la multiplication des objets connectés, l’environnement familial doit apporter un cadre responsable et sécurisé afin de protéger les données personnelles des membres du foyer et le protéger contre toute tentative d’intrusion, de vol, d’extorsion, etc. La culture numérique est indispensable, tout âge confondu, pour acquérir les compétences nécessaires à une vie digitale saine et sécurisée, où le souci de protéger ce qui compte le plus pour chaque individu prime.
[1] https://www.lesechos.fr/12/12/2017/lesechos.fr/0301014946105_le-gouvernement-veut-recuperer-les-exclus-du-numerique.htm
[2] https://www.e-enfance.org/cyber-harcelement