Extraction minière : la face cachée du numérique
L’explosion des besoins en métaux et terres rares va-t-elle être un frein au développement du numérique ? Si l’extraction minière est essentielle pour fournir les matériaux essentiels à la fabrication des appareils électroniques et aux réseaux de communication, elle est confrontée à de nombreux défis : ruptures d’approvisionnement, pollutions, exploitation des populations, tensions politiques…
Avec l’explosion de nos usages numériques, nos besoins en métaux augmentent ! D’abord dépendant de matières premières comme le cuivre, l’or ou encore le lithium, le numérique repose aussi sur d’autres beaucoup moins connues comme l’indium, le tantale ou le gallium pour la confection de nos équipements (ordinateurs, téléphones, réseau de transmission, data centers).
D’ici 2050, pour répondre aux projections de demandes, la quantité de métaux requis pourrait représenter trois à dix fois les volumes de production actuels. Il faudrait donc produire plus de métaux au cours des 35 prochaines années que la quantité cumulée produite depuis l’Antiquité !
Une chaîne de fabrication complexe
L’extraction de l’ensemble des minerais peut se diviser en 4 étapes :
- L’exploration : pour trouver les réserves exploitables
- L’extraction : souvent à ciel ouvert, cette phase consiste souvent à casser la roche, puis à enlever les principaux résidus inutiles pour arriver à un niveau de concentration du minerai d’au moins 50 %. Pour ce faire, l’exploitant va utiliser beaucoup d’eau, mais aussi des produits chimiques et des métaux lourds très polluants.
- Le raffinage : en usine, cette opération va finir d’extraire le métal voulu, souvent en utilisant de grosses quantités d’acide.
- La manufacture : les métaux utilisés dans la fabrication de nos appareils sont souvent mélangés et imbriqués. Leur recyclage est alors quasi impossible.
L’extraction et la fabrication d’un ordinateur de 2 kilos nécessitent en moyenne 800 kilos de matières premières et 1,5 tonne d’eau, sans oublier l’énergie nécessaire.
Des enjeux humains, environnementaux et géopolitiques
L’exploitation minière se développe à grande échelle, avec des conséquences environnementales potentiellement dévastatrices telles que la déforestation, la pollution de l’eau et la perte de biodiversité. Le coût humain est lui aussi important. Les exploitations minières sont à l’origine de déplacement de populations et de mauvaises conditions de travail… En République démocratique du Congo, on estime à 40 000 le nombre d’enfants qui travaillent dans les mines de cobalt et de coltan.
L’exploitation des terres rares est dominée largement par un pays, la Chine. C’est elle qui raffine près de 80 % de la production. Cette position de quasi-monopole confère à ce pays un pouvoir considérable sur les marchés mondiaux et une influence géopolitique significative.
200
C’est le nombre d’étapes nécessaires pour transformer les métaux.
80 %
C’est l’impact du smartphone sur l’environnement dès sa fabrication !
50
C’est le nombre minimum d’éléments chimiques différents présents dans ton smartphone.
80 à 90 kilos
C’est la quantité de cuivre nécessaire pour assurer l’électrification et la connectique d’une voiture électrique.
4 km
C’est la profondeur jusqu’où certaines mines vont creuser
À regarder :
Cette vidéo de la chaîne Arte se penche sur les métaux rares, composants omniprésents dans nos smartphones
Infos pratiques
L’association ISF Systext a mené une étude et développé un outil interactif « des métaux dans mon smartphone ». Cet outil permet de démonter un smartphone et de voir pourquoi et comment sont utilisés les différents métaux : systext.org/sites/all/animationreveal/mtxsmp