Câbles marins : quand Internet ne tient qu’à un fil !
C’est un curieux paradoxe. Avec nos smartphones, la 5G et le Wifi, nous avons la sensation qu’Internet est devenu une expérience de plus en plus dématérialisée et sans fil. Or, 98 % des données de l’Internet mondial circulent par des câbles marins. Geek Junior te fait découvrir un réseau mondial très discret, mais indispensable au fonctionnement d’Internet.
Un peu d’histoire
C’est en 1851 que le remorqueur Blazzer pose le premier câble commercial sous-marin télégraphique entre le cap Gris-Nez, en France, et le cap Southerland, en Royaume-Uni. Après le télégraphe, ce fut au tour des câbles sous-marins téléphoniques coaxiaux d’être déployés à travers le monde. Les câbles sous-marins numériques sont apparus en 1988. Avec l’arrivée de l’Internet haut débit, le nombre de câbles à doubler au cours de la dernière décennie.
Comment pose-t-on les câbles ?
Les câbles sous-marins sont posés sur le fond marin (ou quelquefois ensouillés, c’est-à-dire enterrés, notamment au bord des côtes). Avant le déploiement des câbles, des navires équipés de sonars partent en mer effectuer des relevés topographiques des fonds marins et déterminer ainsi la pose et la route les plus adéquates. Ensuite, c’est au tour des navires câbliers de poser les câbles. Il reste alors à assurer une maintenance régulière, à réparer si besoin des câbles, sans oublier un travail de surveillance pour éviter des actions malveillantes. Les câbles demeurent vulnérables, qu’ils s’agissent d’attaque de requins, attirés par les ondes électriques, ou par les chalutiers, qui ne sont pas à l’abri d’y emmêler leurs filets de pêche. (Photo – Orange Marine)
Une grande partie des câbles sous-marins posés dans le monde sont fabriqués… dans le nord de la France, à Calais, dans l’usine d’une entreprise française, filiale du Finlandais Nokia en 2021.
Un enjeu économique et géopolitique
Qui maîtrise les réseaux, maîtrise le monde ! Les câbles sous-marins sont devenus un enjeu économique stratégique pour certains états, mais aussi pour les géants d’Internet (les GAFAM). Un pays relié avec un seul câble peut se voir privé d’Internet si ce dernier ne fonctionne plus. C’est devenu aussi un enjeu géopolitique majeur entre les grandes puissances mondiales, notamment entre les États-Unis, la Chine et la Russie. Autre point de discorde autour des câbles sous-marins, les activités d’espionnage. En s’appuyant sur un rapport interne aux services de renseignement du Danemark, un média danois indique que les États-Unis auraient pu se brancher sur des câbles sous-marins danois au moins jusqu’en 2014, afin d’espionner des responsables européens, dont la chancelière allemande Angela Merkel.
Comment est constitué un câble sous-marin ?
Il est difficile de croire que des téraoctets de données peut circuler dans un si petit câble de la taille d’un tuyau d’arrosage ! C’est pourtant un concentré de technologies. Une fibre optique est très fine, de l’ordre de grandeur d’un gros cheveu. Mais, il est entouré d’un certain nombre d’éléments pour la protéger de l’écrasement, de l’étirement et de l’eau salée. Un anneau de cuivre est également prévu pour faire passer un léger courant électrique pour redonner de la puissance au signal optique tous les 80 à 120 kilomètres.
1. Polyéthylène.
2. Bande de Mylar.
3. Tenseurs en acier.
4. Protection en aluminium pour l’étanchéité.
5. Polycarbonate.
6. Tube en aluminium ou en cuivre.
7. Vaseline.
8. Fibres optiques.
Chiffres clés :
- Le câble sous-marin le plus long mesure 39 000 kilomètres (2021). C’est le Sea-MeWe.
- L’investissement pour relier un seul câble entre l’Europe et l’Amérique du Nord peut s’élever à plus de 250 millions d’euros.
- La durée de vie d’un câble sous-marin est de 25 à 30 ans.
- Plus de 420 câbles sous-marins sont posés à travers le monde, d’une longueur cumulée de 1,3 million de kilomètres.
- Il faut 60 millisecondes pour que des données fassent un aller-retour entre l’Europe et l’Amérique du Nord.
(Photo – Orange Marine)
À regarder :
Pour approfondir le sujet, tu peux regarder cette excellente vidéo du journal Les Échos :